Je vous transmets le document sans commentaires pour votre information. R.B..
Le Schéma Régional de Cohérence
Ecologique. (S.R.C.E.)
ACTUALISATION
Dans le numéro
précédent (bulletin 38) nous décrivions, avec des trémolos d’enthousiasme dans
la plume, les avantages qu’apporterait le SRCE à la sauvegarde des corridors
écologiques. Nous avions même l’inconscience de croire dans le calendrier
annoncé, et déclarions qu’après l’enquête publique, le SRCE serait validé avant
mai 2014.
C’était oublier
que la sottise et l’égoïsme sont toujours en embuscade. Qu’on en juge :
des dizaines, peut-être des centaines, d’espèces animales et végétales, qui
avaient réussi à survivre depuis la nuit des temps, sont actuellement menacées
par la fragmentation des habitats naturels (lignes ferroviaires, axes routiers
ou autoroutiers, zones d’activités, urbanisation, etc…). Elles seront anéanties
en quelques décennies si les liaisons entre les espaces où s’est réfugiée la
vie sauvage subsistante ne sont pas préservées et remises en bon état.
Les Régions qui
entourent la Picardie (Ile de France, Haute Normandie, Nord- Pas de Calais, Champagne-Ardenne)
l’ont bien compris et ont établi puis validé le plan des continuités
écologiques terrestres et aquatiques à préserver. Mais en Picardie cette
urgence ne paraît pas évidente aux organismes socioprofessionnels invités à
faire partie du Comité Régional Trame verte et bleue. Ils s’opposent à sa mise
en place.
Une véritable
guérilla s’est peu à peu organisée, et de réunion en réunion, d’atelier en
atelier, a retardé l’ensemble du processus, obtenant malheureusement des
accommodements préjudiciables à la réussite de l’objectif. C’est ainsi que
certains « réservoirs de biodiversité » (terme désignant les habitats
naturels) ont été supprimés sous prétexte qu’aucune espèce patrimoniale ne s’y
trouvait. Cela permettait de supprimer également les corridors qui devaient les
relier. Certains corridors herbacés calcicoles ont été rétrécis, réduits. Pour
compenser ces pertes, furent ajoutés sans rire des espaces herbacés dits
anthropiques comme des golfs ou des aérodromes !
Début janvier
2015 eut lieu à Beauvais, sous la présidence de Monsieur le Préfet de l’Oise,
des directeurs de la DREAL et de la DDT, et du vice-président de la Région
Picardie chargé de l’environnement, une ultime réunion destinée à clore les
débats. C’était sans compter avec nos guérilléros. La Chambre de Commerce et
d’Industrie de l’Oise, sans doute hantée par le spectre de l’échec du projet de
centrale électrique au gaz sur le corridor écologique de Verberie (reliant les
forêts d’Halatte et de Compiègne), dépensa des flots d’éloquence pour démontrer
que le SRCE aurait un impact évident sur le développement économique et
l’emploi. Probablement n’avait-elle pas encore réalisé que l’aménagement du
territoire ne pouvait plus se faire de nos jours comme au 19ème
siècle. La Chambre d’Agriculture, ne souhaitant pas être en reste, manifesta aussi
son opposition. Probablement avait-elle oublié que parmi les espèces menacées
les insectes pollinisateurs dont dépendent les récoltes se trouvent en première
ligne. Et enfin il fallut endurer le concert des lamentations des Maires de
l’Oise, prétendant redouter l’assaut des associations utilisant l’arme absolue
du SRCE pour ruiner leurs projets…
Heureusement la
conscience de la nécessité de préserver les éléments de liaison entre les
réservoirs de biodiversité n’est pas totalement absente de la Région Picardie.
Des scientifiques écologues, des chasseurs, des veneurs, dont la connaissance
des cheminements de la faune est indiscutable, des naturalistes, le P.N.R, des
associations, dont la SAFHEC, se sont regroupés sous le nom de « Collectif
des biocorridors picards ». Leur but n’était pas de polémiquer avec des
opposants obstinés, ce qui eut été peine perdue, mais de démontrer quelles sont
les grandes voies de migration et de signaler les points critiques essentiels à
protéger, bref de participer de façon constructive. Pour cela une étude de
terrain, puis un film furent réalisés et des rencontres avec divers décideurs furent
organisées.
Les services de
l’Etat ont récemment présenté un nouveau calendrier des étapes à venir :
nous les communiquons ci-après avec leurs délais à titre indicatif.
L’expérience impose désormais une certaine circonspection.
Débat au Conseil
Régional fin janvier 2015. Puis à partir de là, consultation administrative
pendant 3 mois. Ensuite enquête publique pendant 1 mois (probablement pendant
l’été, comme trop souvent), et adoption du SRCE en octobre. Celui-ci sera
transmis aux communes qui auront 3 ans pour l’intégrer dans leurs documents
d’urbanisme. Cependant, en cas de révision ou de modification de P.L.U avant
ces 3 ans, le SRCE devra être pris en compte.
Est-il utile
d’insister sur l’importance de participer à l’enquête publique ? Nous
avons tous un rôle à jouer lors de cette étape.
La morale de
cette histoire encore inachevée est que l’intérêt général reste une notion
totalement étrangère à certains. La moindre réglementation protectrice
environnementale suscite toujours des réactions passionnées et passablement
obscurantistes. Il serait temps d’affirmer haut et fort que la population
humaine et ses impacts environnementaux croissent à une telle vitesse et à un
tel niveau qu’ils obligent désormais à des modifications de comportement.
L’extinction d’un grand nombre d’espèces avec qui nous partageons la vie sur
terre serait un désastre, d’abord pour certains des opposants les plus
virulents au SRCE, mais finalement pour l’ensemble du genre humain.
Jean-Claude BOCQUILLON.