BLOG de la gazette du hérisson d'Aumont en Halatte (Oise)
jeudi 16 septembre 2021
lundi 6 septembre 2021
vendredi 3 septembre 2021
La Gazette du Hérisson N°270.
Tant
son parcours politique, littéraire, éditorial est caricaturé, on a
oublié qu'Henri Barbusse fut, à la fin de la Grande Guerre, un fervent
partisan des thèses du président américain Woodrow Wilson.
Reprenons donc. En décembre 1917, un an après son Prix Goncourt, Barbusse souhaite fonder une revue qui devait s'appeler Le Feu.
Il envoie des notices de présentation, afin de trouver des soutiens
financiers privés : à Natalie Clifford-Barney, influente femme de
lettres américaine; à Salomon Reinach, archéologue et anthropologue de
renom ; ou encore à la duchesse de Clermont-Tonnerre, née de Gramont. Le
but de l' entreprise est de faire entendre très largement la voix
pacifiste et humaniste du président Wilson, qui vient d'engager l'armée
américaine auprès des alliés. Il s'agit également d'associer les projets
de paix américains et les idéaux de la République française.
Le
25 juin 1917 (après avoir exigé dès 1914 de combattre au front malgré
son âge et avoir reçu la Croix de Guerre) Barbusse écrit que "tout dans Le Feu
est conforme aux idéaux de Wilson". Un mois plus tard, les "quatorze
points du président Wilson", qui participeront à jeter les bases du
futur droit international, rassemblent les éloges des catholiques
radicaux, des socialistes, des libéraux, de bien d'autres, et
enthousiasment une grande partie des opinions européennes. Parmi ces
quatorze points, rappelons-en six : la nécessité du libre-échange, de
la démocratie, du libre accès à la mer, du droit des peuples à
l'autodétermination, l'abolition de la diplomatie secrète, la
restitution des souverainetés territoriales...
Le
15 novembre 1918, Wilson est nommé, au nom de l'Association
républicaine des anciens combattants - que Barbusse avait créée en 1917
-, "citoyen du monde". La CGT affirme son attachement aux
quatorze points du président Wilson. Chacun peut se reconnaître, affirme
le syndicat, dans l'universalité des notions de patrie, de paix, de
démocratie, d'internationalisme. À l'aube de 1919, l'alliance des
figures du pape Benoît XV et du président Wilson créée une immense
espérance. Le 17 février, Paul Vaillant-Couturier avait écrit : "Wilson
fut notre puissant ami".
Mais, las, la dure réalité du monde s'impose. Romain Rolland, dans une lettre à son ami Barbusse, le 25 juin 1919, prononce : "Ce n'est pas avec le Tout-Paris que l'on peut édifier la cité future".
L'espoir s'effrite. La dure réalité des traités léonins va s'imposer.
Barbusse, accompagné du très vieil Anatole France, obtient une audience
auprès du président américain. Les deux hommes de lettres ressortent
déçus : "Il ne nous a fait qu'une réponse bien vague".
Le ciel des idées n'a pas éteint le feu.
Que faire ? P.L..
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