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samedi 29 janvier 2022

La Gazette du Hérisson N°279

 

La presse nous informe

La presse nous informe de la prochaine mise en chantier de la quatre voies D1330 entre la faisanderie et l'autoroute. J'ai tenté de vérifier cette information en scrutant attentivement l' Echo de la Butte. J'ai dû mal  regarder, car je n'ai rien trouvé. Un passage pour animaux traversant la D1330 sera bien installé. Peut-être deux ou trois à l'avenir avec quatre millions supplémentaires par passage nous dit la presse. L'amélioration sur la D1330 permettra aux 38000 véhicules par jour de transiter plus facilement. Quant aux sangliers, peut-être profiteront-ils de cette opportunité pour vermiller dans d'autres gagnages. R.B.

vendredi 7 janvier 2022

La Gazette du Hérisson N°278

 

 

La 15000ième

Nous arrivons à ce nombre étonnant de consultations de notre blog le Hérisson d'Aumont. Nous publions aujourd'hui un dernier article de P.Lamps sur le "Jésus" d'H.Barbusse. J'y joins une réflexion d'une lectrice anonyme de Barbusse.

Je laisse la plume à P.Lamps. R.B.

 

"Aux Aumontois, voisins, muets encore, d'un trésor symbolique, universel et ruiné : rue de la Gruerie."

 "JÉSUS" D'HENRI BARBUSSE

 En 1927, Jésus de Nazareth est invité à la table de la Révolution. Henri Barbusse, membre du Parti depuis 1923, directeur littéraire de l'Humanité, écrit coup sur coup "Jésus", puis "Les Judas de Jésus". 
Le premier Jésus, "ce pauvre homme qui a passé", est rédigé sous la forme d'un nouvel évangile, humain, factuel, celui de la vie terrestre et de la figure humaine du prophète juif. Jésus y est rendu à l'Histoire, arraché à l'institution de l'Église, qui a corrompu son message.
Quelques mois plus tard, Les Judas de Jésus apparaît comme une étude quasi-archéologique, révélant un Jésus néo-kantien, rationaliste, révolté, communiste au sens premier du terme. "La science historique s'est enfin emparée de l'Histoire Sainte", écrit Barbusse. 
En 1928, troisième acte : Barbusse écrit un drame, total et moderne : "Jésus contre Dieu, dramaturgie médiévale, mystère avec cinéma et musique". Le message de Jésus verse alors au compte de la Révolution les mots du Sermon sur la montagne  
Jésus a dit : " Je suis venu pour jeter le feu sur la terre, et que ne désiré-je, sinon qu'il s'allume ?" (saint-Luc, XII, 40). Le feu : pour Barbusse, il est temps que ce brasier incendie  le vieux monde et illumine le nouveau de paix et de justice. Bien avant 1917, toute son oeuvre, depuis Les Suppliants (1903), depuis L'Enfer (1908), porte la marque de la Révolte, dans le siècle et sur la terre. Marque, à la fois, du matérialisme marxiste et de l'inquiétude spirituelle. 
Une question se pose pour les  bolcheviques orthodoxes : pourquoi faire appel, à trois reprises, à la figure du Galiléen ?  Certains soupçonnent là une étrange déviation. Maurice Thorez fait savoir que le Komintern a très mal reçu les derniers livres de Barbusse. À Moscou, on pense qu'il y a bien d'autres héros historiques, comme Lénine ou Staline, pour porter haut le message révolutionnaire. En France, les camarades s'étonnent, certains comprennent mieux. Mais il y a aussi des ricanements et du mépris : pour André Breton, Barbusse n'est pas seulement "réactionnaire, mais retardataire."  

Et pourtant, tout était là bien avant les "Jésus". Dans Le Feu (1916), le soldat torturé dans la tranchée boueuse, héros misérable, est un prophète, par sa souffrance même, qui l'excède, et le transfigureDans le roman Clarté (1919), un homme s'écrie : " La Terre, le Ciel. Je ne vois pas Dieu. Je vois partout l'absence de Dieu. Le regard qui parcourt l'espace revient, abandonné. Et je ne l'ai jamais vu, et il n'est nulle part, nulle part, nulle part." 
Qui parle ? Pourquoi cette triple invocation désespérée : "nulle part" ?  Est-ce là le constat amer d'un néant spirituel ? L'appel semble sonner comme les coups du destin...  ou comme le triple reniement de Pierre au Jardin des Oliviers, avant l'aube. 
Henri Barbusse, écrivain et homme d'action, se sent prophète par vocation intime, impérieuse, exigeante, mais terrestre : il se bat ici, maintenant, pour les peuples, pour la paix... 
Cependant, s'il rejette le mystère de la foi en tant que lien mystique avec un Dieu absent, ne demeure-t-il pas profondément tourmenté par cette béance métaphysique ? 
On ne peut écarter la question d'un revers de main, tant l'homme et l'oeuvre sont complexes. Aurait-il senti, dans son combat,  la nécessité, non seulement de donner à la Révolution une généalogie fondée sur la figure historique d'un Jésus devenu après deux siècles  "compagnon de route", mais encore de dévoiler partiellement une interrogation secrète, intime, quant à  l'insuffisance intrinsèque de la pensée et de l'action de l'homme sans dieu ? 
Qui le sait ? P.Lamps
Les mots d' une lectrice de "Jésus" d'Henri Barbusse :

  "J'ai ressenti à la lecture de Jésus que Barbusse nous conviait à une rencontre, dans une proximité de relation, avec un homme qui parle aux hommes. Cette relation s'établit dans une intemporalité, les mots y sont paroles d'éternité. Certains mots me rappellent mon catéchisme : il fallait croire au "Saint-Esprit". Les mots du livre proposent un sens universel, transmis de Jésus à Barbusse, et de Barbusse à  chacun d'entre nous. " Quand je dis que l'esprit est en nous je ne dis pas qu'il est clôturé en nous, mais je dis qu'il commence en nous".

Jésus. Cela semble clair, Barbusse écrit dans "Paroles d'un combattant" (1920) :" Tu te bats pour la justice et pour la libération des hommes, et pour cela seulement".  Barbusse a préparé la transmission de ce livre en archéologue.  De  nombreux passages, comme d'autres écrits de Barbusse, nous parlent d'un même idéal commun : " Notre idéal est fort parce qu'il est juste ... il est révolutionnaire".

"Dans Jésus,  Barbusse s'inscrit dans l'histoire politique, sociale et culturelle. Ses oeuvres, ses combats, ses actions  sont à transmettre aujourd'hui dans l'espace civique, philosophique et pédagogique. 

Espoir fragile, pour le moment."